Auteur : Gillis De Bergh
Titre : Joueur de Luth
Propriétaire : Collection particulière
Date : 1ère moitié du XVIIème siècle
Nature du support : panneau de chêne (3 planches horizontales)
Dimensions :
- hauteur : 77,5 cm
- largeur : 66,1 cm
- épaisseur : 3 cm
Nature de la couche picturale : huile
Joueur de Luth, avant restauration
Recollage des joints sur une table sert-joint
Réalisation d'entailles à la scie dans deux renforts verticaux trop contraignant, non originaux, collés au revers
Clivage des renforts au ciseau à bois
Revers après dégagement des renforts
L’ensemble du tableau a été déverni, à l’exception de la signature présente en haut du dossier de la chaise. En effet, cette signature disposée à la surface du vernis, nous sembla suspecte car le vernis en présence, un vernis de restauration, avait été appliqué sur les repeints. Cette stratigraphie, et le fait que la signature s’avéra sensible au même solvant que les repeints, nous laissèrent penser qu’elle n’était pas originale.
C’est pourquoi, nous avons fait faire une étude du tableau sous infra-rouge et sous UV par Chantal Ouairy (Archipel). Cette analyse a mis au jour la présence d’une signature différente partiellement cachée, sous la signature visible.
Détail de la signature sous UV, avant dégagement de la signature falsifiée (Photo ©Archipel)
Signature originale, sous UV, après dégagement de la fausse signature
En accord avec les propriétaires nous avons donc enlevé la signature présente à la surface. Après ce traitement, nous avons à nouveau effectué des clichés sous UV de cette zone et avons pu lire le nom de l’auteur de cette peinture : « G. De. Bergh 164[…] ». Seul le dernier chiffre de la date reste difficilement lisible.
Ce tableau a été montré à Jean-Albert Glatigny, restaurateur belge spécialisé dans les panneaux peints flamands. D’après son expérience, pour augmenter sa valeur marchande, ce panneau XVIIème réalisé par un artiste peu connu à l’époque, a probablement été coupé en deux au XIXème et a été falsifié en deux faux, signés de maîtres flamands plus connus tels qu’Albert Cuyp. Sa théorie s’appuie d’abord sur le fait qu’il n’est pas logique qu’un portrait – sujet vertical – soit peint sur un panneau composé de planches horizontales. Le deuxième indice du changement de format de cette œuvre, vient des finitions : les bords du panneau, au revers, sont biseautés sur trois côtés seulement. Si le panneau avait été conçu spécialement pour ce Joueur de Luth, et n’avait pas été coupé, il devrait être biseauté sur ces quatre côtés.
Photos ©Nadège Jacobé, publiées avec l'aimable autorisation des propriétaires